Une nouvelle génération [Abso]

Un pas, puis un autre. C'est ainsi que je venais d'entrer une fois de plus sur ce territoire, ravagé à présent. Il ne faisait pas beau, et une pluie fine coulait le long de ma peau, longeant les rondeurs de mon ventre dilaté. Des gros nuages noirs arrivaient au loin, Et lorsque je lâcha un soupir épuisé, une légère condensation sortie de mes naseaux.
La boue était ancrée de chacun de mes pas fait, quelques secondes auparavent, mais aussi de celles de chevaux de passage, certainement.
Arrêtée, je tentait de me trouver un coin correct pour une mise bas, mais une horrible douleur, plus forte que toutes les autres, me fit hennir avec violence. Je grondais presque le petit Être qui remuait en moi.

Je repris un pas lourds. Je me sentais mal à l'aise, grosse comme une bombonne. Je m'allongeais avec difficultée contre le tronc d'un arbre ensevelit sous des coullées de boue.

Absolut Perfection était nerveux. D'abord à cause de la vision qu'il avait eu quelques mois avant et qui l'avait visiblement traumatisé, ensuite parce qu'Exotic Amor lui avait dit qu'elle sentait que ce serait pour bientôt. Bien sûr, il espérait son descendant unique et jeune, pour autant il se demandait si ses autres frères ne seraient pas jaloux de tout ça. C'était l'affaire du petit à venir, pas la sienne.

Le hennissement le fit démarrer au quart de tour. Après tout, si c'était une pouliche, ce n'était pas grave...

"Exotic !" lança Absolut Perfection au galop.

Il arriva près d'elle et tenta de rester près d'elle sans l'étouffer.

"Ca va aller vite, tout va bien se passer. Vous êtes en sécurité."

Cet endroit était si insalubre qu'il aurait été bon que ça se passe sur la presqu'île... Mais c'était une tradition.

Je rangeais mes jambes avant sous mon poitrail, lorsque j'entendis Absolut Perfection arriver au grand galop. J'eu envie de rire un instant: il paraissait presque plus affolé que moi. Un cri perçant me fit soudain crisper. Je ne le connaisait que trop bien ce cri... pour l'avoir entendu fasse à une scène de mort!
Mes oreilles se plaquèrent, mes dents se serrèrent, et ma tête tourna, de façon à se que je vois loin derrière moi. Un groupe de cinq, six vautours arrivaient.
Mon coeur se mit à battre, et pendant ce temps, les contractions se firent de plus en plus douloureuse.
La pluie s'abattait de plus en plus fort, au fur et à mesure que les nuages les plus importants approchaient.
Ma crinière était collée à ma peau par l'eau et la transpiration.

Les vautours...

Absolut perdit son sang froid et se cabra violemment, hennissant de haine et de rage contre les volatiles qui s'envolèrent de quelques mètres avant de retomber vers la jument que l'étalon défendait ardemment. Il ruait et se cabrait vers les oiseaux de malheur.

Les oiseaux, voyant que l'étalon les distrayait de leur repas, se mirent à lui pincer l'encolure et le fouetter de leurs ailes trempées.

"Virez de là ! Sales oiseaux !" ronfla Absolut Perfection.

Le ciel commença à trembler et un orage éclata, faisant fuir pour un moment les oiseaux qui lançaient des cris furieux. Apparemment, ils pensaient qu'Exotic était vraiment un cadavre frais.

Un orage débuta, pendant qu'Absolut affrontait ces saletés d'oiseaux. La fraicheur faisait surface, me donnant des frissons. La lumière des éclair reflètaient sur mes poils bicolors. Ma respiration ce fit plus rapide, et je commença le travail, gardant un oeil entre-ouvert, sur Absolut. Je voyais flou, dans la douleurs emplissait mes yeux de larmes. Mais je voyais sa silouette, et les rapaces se déposèrent plus loin, nous laissant seuls. Seulement, si ils restaient là, c'est qu'ils n'allaient pas partir si vite...
Les sabots et les jambes avants du poulain ne tardèrent pas à apparaître.

Absolut se débattait farouchement contre ces oiseaux qui se disaient que c'était tellement mieux d'attaquer une proie encore bien ronde.

Les éclairs faisaient peur aux volatiles mais ce qui permettait mieux de les faire s'envoler était plutôt un un galop, bondir près d'eux ou se cabrer et retomber lourdement pour faire le plus gros bruit possible.

C'était bien plus qu'un combat pour la vie d'Exotic Amor, c'était aussi en souvenir du pauvre poulain, des cadavres qui jonchaient le sol. L'horrible spectre de la mort flottait à travers leurs ailes. Tout n'était que malheur lorsque leur cri grinçant perçait le ciel.

Parfois, un coup de bec ou d'aile lui provoquait un petit couinement de douleur tant c'était acide.

Il tentait même de mordre dans le tas, accrochant parfois une plume ou une serre.

La tête du jeune nouveau né ne tarda pas à arriver, et les éclairs battaient toujours le ciel. Les oiseaux criaient, et mon regard inquiet se tourna alors vers Absolut, utilisant un peu de force qui me restait pour soulever ma tête. Mes yeux se refermèrent lentement sur la venue d'une nouvelle contraction qui fit venir les épaules et le ventre du poulains. Les jambes arrières arrivèrent juste après, et les contractions se calmèrent peu à peu.

Lorsque le regard de l'étalon se posa sur la jument dont il se rappelait la rondeur, il fut surprit de voir la petite chose près d'elle.

"Déjà ?!" dit-il tandis qu'il se cabrait encore une fois. "Il ne faut surtout pas qu'il reste sans bouger... Il doit se lever !"

Absolut avait peur pour la vie d'Exotic et du poulain, ou de la pouliche d'ailleurs. Il s'approcha d'eux, bottant dans le vide afin d'éviter que les oiseaux n'approchent.

"Nous devons vite retourner sur la presqu'île. Là bas, les vautours auront moins de facilité de toucher le poulain. Puisqu'il y a de la forêt. Je sais que tu es fatiguée mais... Nous devons y aller, appuie toi sur moi si tu as besoin."

Il passa son nez sur l'encolure de la jument exténuée.

Je mis quelques instants à deigner me lever. Mes jambes tremblaient et me portaient à peine, je me tourna vers le poulain. Prenant entre mes dents ses petits crins, et tirant légèrement vers le haut, afin de l'insiter à se lever, ce qui au bout de quelques minutes eu lieu. Il n'était pas très stable, et il fit deux trois pas en tombant. La quatrième fois, je posais mes naseaux sur sa croupe, le poussant vers la sortie, afin de l'aider.
Je me retournais vers Absolut, qui semblait résister contre les vautours.

« Allons y! » lui criais-je lorsque moi et le petit étions près de la sortie.

Absolut se mit alors en route au galop, espérant que le petit suivrait, du moins jusqu'à un endroit couvert. La presqu'île n'était pas très loin. Exotic suivrait souvent derrière pour encadrer le petit, ou la petite ? Puisque Absolut ne savait toujours pas.

"On essaye de ne pas s'arrêter jusqu'à la presqu'île !" dit-il d'une voix forte sous la pluie battante.

La boue les faisait un peu glisser mais si le poulain ou la pouliche résistait à ça et allait au bout, ce serait un sacré casse cou.

Galopant vivement, il voyait déjà les fourrés touffus des forêts de la presqu'île se dessiner.

"On y est presque !"

Je restais collée, derrière le poulain. Il n'était pas encore stable, mais semblait à peu près gérer l'affaire. Lorsqu'il glissait, je tentais de le rattraper du mieux possible. A bout de souffle, il s'arrêta et se coucha.

« Aller mon ange. » disais-je en m'arrêtant.

Les vautours semblaient nous suivre, mais de loin. Je tapais doucement avec mes naseaux sur le dos du petit, qui se releva dans n dernier effort. On prit le trot, il resta collé contre moi, et on regagna la presqu'île à notre rythme.

Arrivés à la presqu'île, les vautours semblèrent se disperser, troublés par les feuillages denses et aux couleurs rougeoyantes malgré la pluie battante.

"Nous sommes en sécurité."

Il se tourna vers Exotic et le petit être qui avait tenu jusque là.

"C'est un petit courageux. Ou une petite courageuse..."

S'approchant du poulain, il l'imprégna un peu de son odeur et eût un petit sourire, plutôt fier et ému. Il l'avait voulu, il était là. Son héritier ultime. Il avait une robe encore foncée puisque trempée mais ils étaient à l'abri du feuillage.

"Vous êtes deux êtres extraordinaires... Toi Exotic, et toi aussi, mon petit." dit-il comme un papa gateau. Oui, il aurait eut honte, sans doute, si il y avait eut quelqu'un d'autre.

Lorsque le poulain s'arrêta derrière son père, il se coucha une fois de plus sur le sol, en vache.
Moi, je baissa lentement ma tête vers lui, le réchauffant avec un long souffle chaud. Puis ma langue se déposa plusieurs fois sur la tête et son encolure, afin de le nettoyer et le réchauffer. Je souris aux paroles d'Absolut. Oui. Il avait été courageux. J'observais le poulain. Son corps frêle tremblait sans s'arrêter. Je pris un air inquiet, l'observant en silence.

« Tu as été aussi courageux Absolut. » déclarais-je en continuant d'observer le poulain.

Ce dernier posa sa tête sur le sol, exténué.

Absolut vérifia que les environs étaient sûrs et s'approcha du petit, complètement épuisé. Il avait l'air très fatigué mais viable et il avait pu galoper jusque là, donc ça irait. C'était un survivant.

"Tu as une idée de nom pour lui ?" demanda le bai, curieux, à la pie déjà si aimante avec le petit qui semblait peu à peu s'éclaircir en un bai ou gris.

L'étalon était plutôt fier des deux êtres qui étaient sous ses yeux et voyait déjà tant d'espoirs grandir avec ce poulain qu'il sentait sa poitrine de gonfler d'une sorte d'orgueil qui aurait pu passer pour mal placé.

"En tout cas, il est particulièrement résistant, il a volé au dessus de la terre pour fuir."

Absolut eut un petit rire fatigué. Il remarqua alors seulement qu'il avait saigné à quelques endroits, à cause des coups de becs et de serres des rapaces.

Je réfléchis. Mais je lâcha un rire nerveux lorsqu'Absolut déclara qu'il avait volé au dessus de la terre. J'observais notre fils, tentant de m'inspirer pour lui trouver un nom qui lui irait à merveille.

« Asariel. » déclarais-je en levant mon regard vers l'étalon bai.

J'attendais son approbation, regardant derrière moi si les vautours étaient bel et bien plus là. Les feuilles des arbres crissèrent, et comme instinct maternel et protecteur, je me plaçais au dessus du nouveau-né, levant le regard bien au dessus de nous. Un envol de corbeau vers le suf se fit alors, leur cris éraillés cassants nos oreilles.

Absolut acquiesça simplement, en entendant ce nom, simple et particulièrement mélodieux, visiblement, c'était parfait. Les corbeaux firent sursauter l'étalon qui coucha les oreilles et ronfla...

"Je vais voir comment vont les autres, en principe, je leur avais dis de se réfugier le plus loin possible sur la presqu'île mais pas dans la forêt la plus dense. On se revoit tout à l'heure."

Absolut observa les deux chevaux devant lui avec un sourire non dissimulé et s'élança au galop entre les arbres. Le vent frais sifflait joyeusement à ses oreilles et une bouffée d'espoir et de joie envahirent l'étalon qui lança un hennissement triomphant à travers les bois, à l'attention des chevaux mais aussi de la vie. Bien fait, le destin, tu ne nous auras pas aussi facilement !

Le bai se volatilisa au détour d'un grand châtaigner.

[Out]

» The Forest Generation [Partenaire]
» Nouvelle venue? [PV Philosophie]
» Une nouvelle fois. [Unfaithful]
» Une nouvelle fois... [Absolut]
» De nouvelles terres, une nouvelle vie. [Libre]