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Je marchais sur le sable jaune de la plage, sous les dernier rayons du soleil. Le clapotis de l'eau, le flux et le reflux des vagues, les mouettes qui chantent, tout celà était bien reposant. Une légère brise flottait, tiède, agréable. Je revoyais en moi tout ce que nous avions vécu dernièrement. Le cataclysme, la découverte de la presqu'île, la demande par Absolut de devenir la dominante et porter son héritier, la saillie, la découverte du cadavre du jeune poulain... Ca n'avait pas été très gai ces derniers temps.

Et aucun d'entre nous n'était encore à l'abris du danger. J'étais fatiguée, épuisée et dépassée par tout les évènements. L'air marin atteignait mes naseax, l'odeur du sel de la mer aussi.

La tête haute, je marchais sur le sable de la plage. En peut de temps, tout c'était transformé ici, tout était devenu plus étrange. A peine arrivé, très fier de moi d'avoir découvert des terres paradisiaques, où l'herbe était verte & grasse & où les fruits abondaient, je comptais m'installer & en apprendre plus sur les autres chevaux qui vivaient ici. Mais je n'en eu pas le temps, la nature se déchainait déjà & anéantissait toute trace de bonheur sur ces terres. Pourquoi à présent tout se drappait de couleurs sombres, de brumes & autres ? Je dois avouer que cette Presqu'île il y a quelques jours étaient pas mal. De bonnes terres prometteuses. Mais mon premier objectif n'était pas celui de prendre un territoire immédiatement, mais celui d'en apprendre plus sur les autres chevaux vivant ici.
J'apperçus alors loin devant moi la silhouette floue d'une jument d'après son odeur. Elle était pie, d'après ce que mes yeux légèrement plissés pouvaient voir. J'accélérais le pas très légèrement, relevant la tête, queue un peu en panache.
« Bonjour. »
Je l'avais contournée, de façon à me retrouver face à elle lorsque je lui lançais mon salut d'un air assez innocent. Il allait me falloir lui tirer des informations, & je ne savais pas si la tâche serait ardue ou non.

Un étalon vint casser la belle ambiance.

« Bonjour. » répondis-je en l'observant.

Il me paraissait assez louche. Que venait-il faire ici? Si Absolut croisait sa route, un règlement de compte se ferrait très certainement, puisqu'il n'aurait pas été informé de la venue de cet inconnu. Après tout, j'étais moi même dominante, alors j'en profita:

« Qui êtes vous? » lui demandais-je en me tournant face à lui. Plus les secondes passaient, plus cet étalon me paraissait bizarre. Cela était-il mon imagination qui travaillait?

Un sourire doux ourla mes lèvres. Cela faisait longtemps que je n'avais pas rencontré de jument, & je m'étonnais d'avoir conservé certaines mimiques. Je regardais la jument dans les yeux, me mettant à marcher à côté d'elle.
« Je pourrais vous poser la même question. »
Je la regardais de bas en haut, la jaugeant. Elle était plus petite que moi, mais de pas beaucoup.
« Je vais quand même te répondre, je suis Haughty Chief. »
Je tournais la tête, de façon à regarder en face de moi.
« Et vous ? » lui dis-je d'un ton assez joyeux, comme si j'étais heureux de la rencontrer.
Elle semblait méfiante, mais devait être naïve comme la plupart des juments. Une idée germa dans mon esprit. Etant donné que je ne savais rien de ces terres, j'allais faire en sortes qu'elle éprouve pitiée & bien sûr admiration à mon égard. Je calquais mes pas aux siens, attendant une réponse. J'agitais très légèrement mes crins sombres, veillant à ne pas la fouetter avec.

« Exotic Amor, dominante du cher endroit où vous êtes à présent. La presqu'île. » déballais-je avec un sourire fière, presque hautain.

Je pensais avoir compris son petit jeu. Tout les étalons étaient les mêmes. Saillisseurs, sournois, et surtout ivres de dominance. Il y avait bien sûr quelques exeptions, mais lui n'en était pas une. Il commençait à m'agacer, à me suivre sans arrêt.

« Que voulez-vous?! » disais-je en m'arrêtant et en me tournant vers lui.

Je pris un air ahuris face au ton qu'elle employa dans sa dernière phrase.
« Je ne cherche que de la compagnie. Cela fait des semaines, voir des mois que j'erre seul à la recherche d'une trace de vie. J'ai découvert une sorte de pont de sable & en le traversant, je suis arrivé ici. Vous êtes vraiment dominante ? Moi aussi je l'étais, mais en arrivant ici, j'ai tout perdu... »
J'essayais de mettre du regret & de la tristesse dans ma dernière phrase & soupirais, baissant la tête tout à coup. Je détestais cette attitude. Pas de bol, elle semblait être tout sauf naïve, ce qui allait me compliquer la tâche. Je m'arrêtais tout à coup, la regardais. Dans mes yeux on ne pouvait voir rien d'autre que de la tristesse mélangée à une vague peur qui semblaient à mon avis sincère. Mais je ne voyais pas mes yeux, donc j'espérais que c'était bien cela qu'ils montraient.
Ma queue se balança à son tour de droite à gauche avec lassitude. Cette lassitude je ne l'éprouvais pas, mais il fallait que je fasse comme si.
Pour commencer, si je n'étais pas obligé de jouer la comédie, -comédie que je détestais mais m'appliquais à jouer- elle n'aurait jamais fait la fière devant moi, elle ne m'aurait pas parlé comme ça. Mais bon, elle m'avait déjà donné une information interressante. Elle était dominante, & des options s'offraient à moi. Une multitude d'idées se développèrent dans mon esprit, certaines affreuses, d'autres très simples.

« Chacun son problème. J'ai perdu ma soeur dans ce cataclysme. » lâchais-je avec autorité.

Je pris un galop après avoir rué, puis m'éloigna, espérant m'être débarassée de lui une bonne fois pour toute. Je ronfla des naseaux, lâchant un soupir agacé. Je repris le pas, longeant la mer sur le sable doux et fin. Si il revenait, il allait pas être déçu du voyage et serait bien reçu!

« Attends moi ! Où tu vas !? »
Je pris égualement le galop à sa suite, une mine déterminée s'afffichait sur ma face. Je ralentis en même temps qu'elle, enfin avec une foulée de retard, mais m'arrêtais à trois mètres d'elle.
« Pourquoi t'es partie comme ça ? C'est vrai pour ta soeur ? Qui était-elle ? Si ce n'est pas trop indiscret. »
Hum, pourquoi ne pas la prendre par les sentiments ? Elle devait aimer sa soeur, après tout. L'idée qu'en se barrant elle était peut-être partie se rapprocher de son dominant -si elle en avait un à ses côtés- venait de m'effleurer. Je n'étais pas contre, j'aurais sûrement une change de voir de qui il s'agissait. M'ébrouant, j'avançais de deux trois pas tranquilles vers elle, avec un air inquiet.

« Tu ne la connais pas alors ça ne te serviras à rien de savoir qui elle est! » disais-je en lui pinçant les naseaux avec mes dents.

« Lâche moi maintenant! » disais-je en me cabrant et en agitant mes sabots vers sa direction.

Je n'étais pas comme ça avec un inconnu d'habitude, mais j'avais parfaitement compris que quelque chose se tramait.
Mes oreilles se plaquèrent, et mon regard déconseilla à l'étalon de me suivre une nouvelle fois.
Je pris le trot, tentant une fois de plus de rester seule.

Et voilà qu'elle repartait. Non mais elle s'attendais à quoi là ? J'allais pas la bouffer quand même ? Je sais que parfois je suis crains par des autres chevaux à cause de mon courage, mes là j'avais même pas commencé à me vanter de quoi que se soit -dommage d'ailleurs. Je soupirais bruyemment, & me mis au trot pour la suivre.
« Ne me laisse pas ! »
J'accélérais l'allure, & finit par me mettre au galop pour la rattraper.
« Je veux pas rester seul, aide moi au moins à trouver quelqu'un. »

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