La désolation ? [Exotic]

L'air était devenu si dense que j'en toussais. C'était comme si à certains endroits, le sol était réduit à des petits tas qui voletaient à chaque pas. Le bois aux flammes semblait être une rangée d'allumettes, levées vers le ciel comme des bras désespérés.

Ca ne me donnait pas du tout envie de rester là. Tout était si mort, si éteint. Et le fond de l'air était âcre. J'avais marché si longtemps que j'étais courbaturée. M'arrêtant près d'une marre boueuse, j'approchais le nez et reculais, dégoûtée. L'eau avait vraiment l'air totalement toxique et je préférais avoir soif que m'empoisonner. Je n'avais encore rencontré personne et je pensais vraiment que vu l'état des terres, tout avait été abandonné. Pourtant, c'était à peu près à une lune de là où j'étais partie, avec un rythme régulier. Donc, en principe, les terres de l'Appel de la Lune.

"Eho ?" osais-je d'une voix claire.

Après tout, au mieux j'attirerais un animal, hostile ou amical, au pire... Je trouverais des cadavres.

Je soupirais, soulevant des nuages de cendres froides.

Ce matin là, je m'étais mise en quête de nouveaux survivants. Rester ainsi, seule, pendant des jours entiers me rendait malade. Cependant, pour rejoindre l'endroit où je voulait aller, je devais passer par le Bois aux Flammes. Je n'avais pas le choix, mais je devais m'y attarder le moins de temps possibles.

Lorsque j'arrivais dans ce fameux bois, je regardais autours de moi. Il n'y avait aucune vie, tout était mort. Brûlé, sous forme de cendre pour la pluspart des arbres, il ne restait que des troncs droits, sans branches, et parfois, des troncs abattus. Mes sabopts piétinaient la cendre noire. Je me mit à tousser lorsque l'air pollué embrasa mes poumons. Je prit un léger galop, je devais sortir d'ici très rapidement. Si une pluie s'abattait, je me retrouverait engloutie sous la boue, et pour tout dire, le beau temps n'était pas au rendez-vous.

Lorsque j'entendis un appel, cherchant un signe de vie, je m'arrêtais, répondant par un hénissement. La queue panachée, je pris un pas lent en direction de celui ou celle qui avait lancé l'appel. Une certaine curiosité se voyait sur mon visage.

Ce hennissement... Je plaquait mes oreilles sur ma nuque. Non, non et encore non. L'odeur plutôt douce et sucrée que m'amenait le vent ne pouvait être que ça. Une jument. Je savais que cette méfiance n'était pas fondée mais c'était plus fort que moi. Je ronflait et laissais mes oreilles se pointer en avant, puis les plaquais de plus belle. Une robe pie, visiblement, une jument faisait à peu près ma taille, queue en panache. Je ronflait furieusement, panachant moi aussi ma queue, non pas par fierté mais plutôt pour qu'elle évite de m'embêter. Les sabots campés dans la suie et la mâchoire serrée, je l'observais avancer.

Est-ce que vous avez déjà ressenti cette sensation, incompréhensible, qui accompagne non pas une phobie mais la colère et la rancœur ? Cette amertume au fond de la bouche et le sang battant aux oreilles. L'estomac et le cœur se serrent tandis que les muscles se préparent à se défendre.

Le traumatisme infantile avait été si violent que même en me raisonnant... Je ne pouvais pas, je ne pouvais pas accepter ça.

C'est alors que je me pointais fasse à une jument grise, à quelques mètres. Je m'arrêtais, lorsque je la remarquais sur le qui-vive et prête à attaquer ou se défendre. J'haussa un sourcils. Il se passait quoi au juste? Je comprenais pas trop quel était le "danger". Enfin... Si y'en avait un.

« Salut. » dis-je à mon tours sur mes gardes.

Je remarquais au fils des secondes que la jument me regardais moi, et c'éait contre moi qu'elle prennait cet air menaçant.

« Pourquoi tu fais ça? » demandais-je avec innocence.

Vistaya sentait les souvenirs l'aveugler. La pie se transformait, par intermittence, en ces juments médisantes. La douce jument grise secoua sa tête.

- Bonjour. Pour rien... dit-elle d'une voix piquante, comme une tige de rose. Elle n'arrivait pas à calmer cette haine presque traumatique.

Se décalant mais gardant un œil sur la pie, Vistaya ronfla et tenta de s'éloigner pour ne pas subir les assauts de ses souvenirs maudits. C'était tellement étrange de subir ce genre de chose. Et pourtant, la jument en face d'elle semblait distante aussi, trop... Innocente et méfiante à la fois, tellement étrange. Non, elle ne tournait pas rond. Elle aussi devait médire sur elle.

Elle n'avait pas envie d'en savoir plus sur elle, encore une jument avide de ragots. Elle voulait voir des étalons elle. Pas pour se faire saillir ou quelque chose comme ça, mais parce qu'elle se sentait plus à l'aise avec eux. En même temps, cette jument pouvait aussi lui indiquer son père, ou quelque chose comme ça.

Je la regardais, elle était... bizarre. Je perdais mon expression joyeuse d'avoir trouvé quelqu'un. Je la regardais, sans aucun sourire, le regard noir, presque mauvais. Qu'avait-elle à agresser les passants ainsi? Je la voyais s'éloigner. Je m'approchais dans un léger petit trot.

« Eh! C'est quoi ton problème!? » lui hurlais-je en m'arrêtant à deux mètres d'elle.

Mes oreilles se plaquèrent.
J'hénissais avec violence, piaffant brutalement.

« Qui es-tu? » lui demandais-je sur un ton décidé.

Je me campais sur mes postérieurs et fis mine de me cabrer, oreilles plaquées.

- Laisse moi TRANQUILLE ! fulminais-je en détachant bien chaque mot pour que la pie comprenne.

Non mais... Je m'éloignais et l'autre me suivait comme un petit mouton qui demande au loup "Pourquoi tu pars pourquoi tu paaars ?". Les gens ne respectaient même plus l'envie d'être tout seul. Elle aurait du voir que j'étais pas vraiment en état de lui parler et surtout que j'en avais pas envie. Elle réagissait comme les autres aussi, agressive.

- Ca te regarde pas, lançais-je sèchement lorsqu'elle me demandait qui j'étais.

Je partais au galop dans la direction opposée, bien décidée à ce qu'elle me lâche les baskets. J'aimais pas les juments, c'était comme ça. Et la preuve, à peine arrivée, il y en avait une qui me courrait après pour me gueuler dessus et m'agresser. Moi je partais, pour éviter d'avoir des paroles trop blessantes ou malencontreuses et elle, elle cherchait les problèmes.

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