A l'orée du bois - Libre

« Exprimes toi
Laisse ton cœur vagabonder
Mener tes pas. »

Cet étalon aussi blanc que la neige ne restait pas indifférent à ces terres. Mais il était de passage. Il ne resterait pas. Il ne faisait que passer. Oh oui, le devoir l'appelait. Et cette jument là, qu'il observait depuis le début, alors que la nuit avait pris entière possession du territoire. Elle était belle, la crème, à refléter les doux rayons de la lune. Elle était aussi en chaleur, et ça, le vent le lui avait indiqué. Il le savait. Il lança un hennissement roque et grave, exprimant sa présence en sortant des broussailles, la crinière en bataille. Je laissais rouler mes muscles sous ma peau épaisse, avec une démarche gracieuse et divine. On aurait pu me confondre avec Dieu lui même. J'étais si blanc, si pur. Pas une tâche de noir ne venait contredire mes pensées.

« Bonsoir jolie demoiselle. » déclarais-je de ma voix forte.

Mais cette dernière ne manquait pas d'affection. Bien au contraire. Je m'étais arrêté tout près d'elle, sans craindre qu'elle eut une mauvaise réaction. Mes naseaux glissèrent lentement sur son épaule, remontant son encolure jusqu'à sa joue. Non. Sans gêne. Il n'y avait rien de plus normal pour moi. Et puis, une jument seule, égarée, en chaleur, y'a pas de raison de la laisser passer. Mon regard bleu croisa le sien, et un petit sourire se voulant rassurant se dessina sur mes lèvres.

« Exprimes toi
Laisse ton cœur vagabonder
Mener tes pas. »

IL la caressait avec douceur, elle semblait s'être soumise, sans rien dire, préférant certainement rester silencieuse. Il ignorait à quoi elle pensait, mais elle semblait savourer cet instant, soufflant doucement de ses naseaux, un air chaud, comme protecteur, pour la mettre en confiance, même si elle semblait déjà l'être. Puis il se mit à lui mordiller le garrot, avec une extrême douceur. Les oreilles pointées, l'étalon écoutait en même temps, surveillants les alentours afin de s'assurer qu'ils ne seraient pas dérangés. Elle dégageait une odeur de fleur, une odeur sucrée. Très agréable à sentir, à tel point qu'il s'immobilisa un instant pour s'en imprégner. Puis ses naseaux parcoururent son dos, jusqu'à la naissance de sa queue déjà inclinée sur le côté. L'odeur de ses chaleurs était à la limite de lui faire perdre la tête.

Il se mit donc derrière elle, avant de se cabrer et s'appuyer doucement sur sa croupe. Elle ne semblait pas broncher, il continua donc ses multiples caresses, avant de lentement entamer son travail avec délicatesse, afin de ne lui faire aucun mal. Ce moment devait être un moment de plaisir, qui devrait rester dans sa mémoire. Alors autant ne pas lui laisser un mauvais souvenir. Les naseaux du blanc continuaient de parcourir le bas de son dos, et quand il eût finit son travail, il descendit lentement, s'ébrouant avant de longer la belle et lui toucher à nouveau ses naseaux duveteux.