Soyons fou? Non, sois le tout seul. [Phoenix]

Plusieurs semaines avaient passé, mon ventre s'arrondissait avec le temps, avec lenteur. La matinée était déjà bien entamée, et je revenais tranquillement de la ronde matinale que j'avais l'habitude d'effectuer. Une intrusion avait eu lieu, mais cela ne c'était jamais reproduit, pour l'instant, et j'espérais que cela dure. Oh que oui je l'espérais. Car si une guerre se déclenchait, je ne pourrais agir sur le front, étant gestante, il était hors de question que je mette la vie du petit être de mon ventre en danger. Cette petite chose qui habitait dans mon ventre grandissait, pour bientôt, découvrir le vrai sens de la vie. Une vie dure et compliquée. C'était ainsi.
J'entrais avec douceur dans la vallée, là où une grande partie du clan vivait quotidiennement. Je faisais rarement mes apparitions en public, mais ça m'arrivait. Je venais prendre des nouvelles des jeunes mères et de leurs nouveaux-nés, et des autres chevaux. Lorsque je fus vu par les autres, pas mal de chevaux vinrent me saluer. On discutait, posément, et je tournais, allant de groupe en groupe pour me tenir informer des dernières nouvelles, ainsi que m'enquérir de la santé de chacun.

Quelques poulains vinrent jouer entre mes jambes, alors moi aussi, je prenais par au jeu, me mettant en position indiquant que j'allais leur courir après. Il s'éloignèrent, amusés, continuant de chahuter. Mon regard profond et bien veillant passa d'eux à un groupe d'étalons, que je décidais de rejoindre dans le plus grand des calmes. Ils me saluèrent, et ont entrait en contact avec nos naseaux à tours de rôle. Je les aimais bien, il était respectueux, ce groupe là en tout cas. Un peu comme D'eath Pearl. D'ailleurs, où était-il? Alors que nous discutions, je reculais un instant, parcourant mon regard sur les chevaux présents. Non, il n'était pas là. Je ne l'avais plus croisé personnellement depuis la dernière fois, où il avait appris que j'attendais un enfant. Alors qu'un des étalons du groupe me demanda mon avis, j'étais perdu dans mes pensées et répondait:

« Je repasserais plus tard. »

Puis je m'éloignais lentement, continuant de chercher du regard l'Alezan Brûlé.

Alors que je marchais paisiblement, toujours à la recherche de l'alezan, un jeune étalon m'arrêta dans mon élan. Il s'agissait de Phoenix, un étalon pris par beaucoup de monde pour un fou. Je devais avouer qu'il ne nous servait pas à grand chose. Il ne s'était jamais battu, n'avait jamais fait preuve de mauvais contacts physique. C'était plus un parasite d'autre chose, dans le clan.
Tout d'abord, je pris une allure indignée lorsque ce dernier constata que j'étais grosse. Mais de la façon dont il l'avait dit, je devinais qu'il n'avait pas vu la deuxième option. Je commençais à reprendre mon chemin lorsque ce dernier sembla avoir un brin de lucidité. Je tournais ma tête vers lui, acquiesçant calmement.

« C'est ça, oui, Phoenix. Je vais devenir maman. » confirmais-je avec un petit sourire.

Les nuages défilaient chacun leur tour dans le ciel bleu, taquinant au passage le soleil qui tentait de faire régnait la chaleur comme à son habitude sur le territoire Marrak. Les arbres dansaient, et je remarquais que Contagious Pain, le père de l'enfant, n'était pas là non plus. En faite, si on remarquait bien, pas mal d'étalons avaient quitté la vallée.
Je réfléchissais à Phoenix. Comment le rendre utile au sein du clan? Je savais déjà plus ou moins.

« Phoenix, le jour où la guerre serait déclaré, si j'avais besoin que tu me rendes un service, tu le ferais non? » demandais-je simplement en posant à nouveau mes yeux sur le pie.

Je voulais savoir et y réfléchir à l'avance, quoique j'avais déjà mes petites idées, à commencer par les poulains. Oui, il garderait les poulain ce jour là. Ou alors, il serait sur le front, et selon le plan que j'avais élaboré, les Marraks seraient divisés. Alors Phoenix pourrait m'être utile...
Nos naseaux entrèrent en contact. Le Salut des Marrak. C'est ce que j'aimais. Cela faisait parti de nos coutumes, de notre patrimoine. Je soufflais un air chaud avant de les décoller des siens, respirant l'air frais qui passait étrangement par ici.
Ce vent emportait ma crinière et ma queue, vers le ciel, et mes crins sel et poivre flottaient comme un drapeau, un drapeau de la victoire, victoire qui se dévoilait avec lenteur à l'horizon.

Je toisais l'étalon lorsqu'il me demanda de ne pas le prendre pour un enfant. Mais qu'était-il alors, si ça n'en était pas un? Je décidais de passer outre. La suite était plus importante. Je l'écoutais, toujours silencieuse.

« Rassures toi. Tu n'iras pas te battre si tu ne le veux pas. Et non, je ne t'ai jamais vu "Jouer", bien que je n'en doute pas. » déclarais-je d'une voix caverneuse.

Je réfléchissais encore, avant d'ajouter:

« Je dois aller faire ma ronde de surveillance. Tu vas passer de groupe en groupe et dire à tout le monde que le prochain Conseil aura lieu après demain, le soir. Ça me rendra déjà un grand service. »

Puis je commençais à m'éloigner, à nouveau, ma robe jouant avec les rayons du soleil.
Ma queue fouettait mes flancs, et je saluais les derniers chevaux que je n'avais pas été voir encore.
Puis je disparu derrière des fougères, disparaissant pour le restant de la journée, à établir des plans, ainsi que comment se déroulerait le Conseil.