Requiem for a dream. (Fini.)

Je marchais depuis un moment déjà sur le chemin de sable doré. La tête basse, parfois, je promenais mes naseaux sur le sol, puis soufflais, faisant ainsi voler un léger nuage pétillant à la lumière du soleil.
Il faisait bon aujourd'hui, l'air était agréable. Il n'y avait pas trop de nuages, mais assez pour les rêveurs qui aiment les observer en silence. L'astre du jour était flamboyant et promenait ses rayons sur ma robe qui prenait alors des teintes de feu. Mes crins étaient emmêlés, mais leur couleur sombre contrastait avec ma robe. En outre, c'était une bonne journée.

Une odeur féminine attira alors mon attention. Je m'enivrai de ce parfum, puis me laissais agréablement guidé. Au loin, enfin ... Pas très loin, une silhouette bicolore se tenait immobile, les sens en alerte. Un fin sourire étira mes lèvres. C'était une jument, bien sûr. Une jument pie, fine. Ses crins me plaisaient. Ils paraissaient fins et soyeux, et coiffés en bataille sur sa tête. Je ronflai.

- Assurément.

Oui, je l'avais entendu parler. Moi, un espion ? Mais non ! Voyons ... Ce n'est pas mon boulot. Bien que, quelquefois, ça faisait passer le temps.

J'avançai de quelques pas, et m'arrêta, histoire de ne pas rester trop en contre-jour, que la belle puisse m'admirer me voir.

Abaissant la tête en guise de noble salut quand elle me donna son nom, je repris le pas et m'approchai encore un peu plus. La jument semblait moins tendue. Rassurée de voir que j'étais du même clan surement. Je me demandais ce qui était passé dans sa tête. Après tout, on était sur mon territoire, aucun autre équidé que des Aelyos ne vagabondaient sur ces terres. C'était normal. Le plus drôle c'est qu'elle avait vraiment semblé être aux aguets ! Un sourire amusé étira mes lèvres. Voyons, un Marrak sur mon territoire ? Quelle idée !

- Altaïr, pour t'asservir.

Je lui fis un clin d'œil et lâcha un petit rire.

- Eclipse, c'est un joli nom que tu portes là. Il te va à ravir !

J'étendis mon encolure et posa mes naseaux contre les siens, puis vivement, les retira en piaffant légèrement. Elle était plutôt pas mal. Et ses crins ... Umh, ses crins ...

Je voyais bien qu'elle m'admirait. Au fond, je sentis une certaine chaleur envelopper mon cœur. Mais surtout la fierté d'être ce que je suis. Oui, j'étais fier. Fier de plaire. Fier de lui plaire. Après tout, elle faisait partie de mon clan.
J'arquai légèrement mon encolure, et dressai les oreilles. Cher Altaïr ...

- Mmh ...

Juste un léger râle. Parfois ça sortait comme ça. Mais je laissai faire. Il parait que ça plaisait aux juments. Je faisais ça souvent pour une quelconque raison. Ça venait tout seul.
Je soufflai de nouveau sur ses naseaux duveteux et plantai mon regard sombre dans les yeux noisettes de la jument. Puis, je parcourrai son chanfrein en l'effleurant du bout du nez, et caressai ses crins. Doux ... Et légers ... Tellement doux ... Un frisson parcourut mon échine et je renâclai en reculant, puis observai l'horizon, la queue panachée, la tête haute. Noble et fier, la classe d'un étalon digne de ce nom.

- J'aime tes crins. déclarai-je sans plus attendre.

Je tournai la tête dans sa direction quand elle me fit un compliment, croisant son regard, l'observant avec douceur. Eclipse ...

- Tu es une guerrière non ? Je me souviens de ton visage.

Oui, ça me revenait. Je l'avais faite guerrière il n'y a pas longtemps de cela. La belle pie était de plus parée de cicatrices. Certaines étaient discrètes d'autres non. Quel dommage ... Une si jolie robe gâchée par tout cela. Enfin, bon. Elle était bien comme ça. Et puis, guerrière, ça avait l'air de lui plaire. Enfin je crois ?

- Ça te plait ? lui demandai-je d'une voix sûre.

Autant en être certain. Je me retournai pour lui faire face de nouveau, faisant danser ma queue dans les airs. Je la remis en panache puis étendis mon encolure et effleura le poitrail de la jument bicolore. J'avais remarqué que je lui faisais de l'effet. Ca me plaisait.

Je perçus une flamme éteinte dans son regard, et reculai d'un pas, me mettant face à elle, plongeant mes sombres prunelles dans ses yeux. Je penchai un peu ma tête, mettant mon chanfrein à la verticale, laissant retomber mon toupet sur mon visage.

- Qu'y a t-il ?

Je secouai ma crinière, chassant quelques moustiques, puis reposai mon attention sur Eclipse.
Je pris le pas, râlai encore un peu, puis fis le tour de son corps. Elle était vraiment ravissante. Une belle amazone ... ?

- Tu es belle Eclipse. lâchai-je en toute simplicité.

Que c'était bon de voir que je la pétrifiais sur place. Que c'était bon de voir que je pouvais la faire frissonner, la ... Soumettre. Je lui mordis la croupe. Ni trop fortement, ni trop faiblement. Puis je glissai mes naseaux dans les crins de sa queue, jouant avec ceux-ci. Ils étaient tellement doux, tellement légers. Ils arboraient une couleur légèrement orangée, sublimement délicate, sombre et rougeoyante.
Je les aimais.

Je ronflai, arquant l'encolure, déposant une lèche sur sa cuisse. Elle était musclée. Fine, musclée ... Forte ... Elle possédait des membres longs. Taillée pour la poursuite. Et une robe, magnifique. J'admirai ses tâches, effleurant ses flancs. Magnifique.
Elle me donnerait un fils, brave, et puissant. Ou une guerrière, aussi belle qu'elle l'était.

Je baissai la tête et la passai légèrement sous son ventre, me collant tout contre elle, embrassant sa peau. Puis je renâclai, bandant les muscles, la queue hautement panachée. Je piaffai, piétinant le sol, près d'elle. Puis fis glisser mes naseaux jusqu'à son oreille.

- Que désires-tu le plus ... ? lui murmurai-je, d'une voix suave.

Je redressai la tête, croisant son regard, et laissa tomber ma tête tout contre elle, écoutant son cœur battre.

Voyons ... Elle avait tout ce qu'il faut. Pourquoi ne l'avais-je pas vu avant ? Comparée aux autres juments, elle était vraiment ravissante. Une perle rare. Physiquement, elle donnerait le meilleur. Mentalement, peut être qu'elle léguerait à ma progéniture sa loyauté ? ... Et sa force. Il ne fallait pas que j'oublie qu'elle était une guerrière aussi.

- Sois mienne.

Oui, je la ferais mienne. Un jour. Un soir. Un matin. Au crépuscule. Un jour, elle sera mienne. Elle me donnera un héritier. Je le veux d'elle. Il sera fort et puissante et rapide. Et beau. Elle me donnera un héritier.
Je la regardai avec envie, dévorant son regard.

Elle me donnait son corps ... Quel délice. Et bien sûr, elle m'aimait. Oui bien sûr, il fallait qu'elle m'aime. Moi, j'aimais ce qu'elle était. Ce qu'elle me montrait. Ce que la nature lui avait offerte. J'en ferais une reine, pour qu'elle me donne le meilleur d'elle même, de ce corps si parfait. Une vraie reine. Pour me donner un prince digne de moi. De ma lignée.

- Je ne peux pas en dire autant.

J'ai toujours été franc, je ne ferais pas d'exception.

- Cependant, je te chérirai Eclipse. Je veux que tu sois parfaitement parfaite. Sur tous les plans.

Autant mentalement que physiquement. Le physique pour me donner un fils fort, et le mental, parce que oui, le mental de la mère aussi est important, pour qu'il est un esprit vif, et dominant.
C'était un hasard que j'ai croisé la route de cette belle jument. Je remercie le vent de m'avoir apporté sa bonne effluve.
Je donnai une lèche sur le bout de son nez.

- Favorite.

Tout pour me rendre heureux ... A elle, seule, c'était impossible. Ce que je voulais le plus au monde, je ne l'aurais jamais, puisque je voulais toujours plus. C'était une boucle qui ne se finirait jamais. Une boucle infinie. La boucle du pouvoir, des ambitions ...

Je lui souris, puis reculai de quelques pas, passant mes naseaux sur la ligne de son dos, jusqu'à sa croupe que je pinçai légèrement. Je commençai à lécher ses membres postérieurs, soufflant un air chaud sur sa peau, puis passai de l'autre côté de la jument pie, effleurant toujours son corps, gardant le contact.

Je voulais qu'elle soit prête, et faire durer le plaisir, autant pour moi que pour elle. Et puis, j'avais du temps.

Sa demande, comme un gémissement, comme un bourdonnement. Oui, un bourdonnement. A mes oreilles, tel une mélodie, dans ma tête, en écho, Altaïr, oui. Un soupire, désir. Du plaisir. De la voir ainsi. De désir, de la posséder. La mienne, ma mienne. Je le ferais mienne.
Ses chaleurs me montent à la tête, dans la tête ... En écho. Un soupire, une demande, un gémissement. De désir. Du plaisir.

Je caressai une dernière fois sa croupe, avant de me lever sur mes postérieurs. Quelque peu tremblant de désir, pour elle, oui du désir, je me posai sur son dos, et piétinai le sol, cherchant à taire le cri de mon corps. La sueur perlant sur mon encolure, j'attrapai une touffe de crins, de sa belle crinière, si belle, si douce, ma mienne. Naseaux dilatés je laissai mes sens et mon instinct prendre le dessus, ronflant un peu. C'était plaisant, elle était plaisante. Je sentais un flot d'émotions, de tensions m'envahir, mes muscles se tendaient, je tremblai, puis relâchai, tension encore, plaisir. Et puis, ce fut la fin.
Je restai un moment perché sur elle, les naseaux près de son épaule, le souffle court mais ... Repu. Je lui donnai une lèche tendre sur l'encolure, puis descendis doucement. Posant ma tête contre sa cuisse gauche, je soufflai.

Dans quelques mois, je verrais bien si elle me donnerait un fils ou non. Si c'était une fille, j'en ferais une guerrière. Je n'allais pas chipoter pour ça. Je la saillirais une nouvelle fois. Après tout, elle était jeune et moi aussi. J'avais encore mes chances d'avoir un héritier d'elle.

Je penchais légèrement ma tête sur le côté, quand elle me mordilla l'oreille, puis grogna virilement. Je soufflai, dilatant mes naseaux.

- Parles moi de toi.

Elle était ma favorite, il fallait bien que je la connaisse un minimum. Et je lui avais dit que je prendrais soin d'elle. Si je ne connais pas ses peines et ses craintes, comment puis-je m'occuper convenablement de ma jument ?

Je l'écoutai avec attention, les oreilles dressées sur mon crâne. Je vins me placer en face d'elle, et posai délicatement mon chanfrein contre le sien.

- Les autres juments étaient jalouses. Et les étalons aussi. Tu es magnifique, Eclipse. Ta mère devait l'être aussi. Je salue ton père, ce devait être un brave entier.

Pour avoir donné naissance à une aussi belle créature. J'en baverais presque. A quoi devait-elle ressembler ? ... Mystère. Je pris une voix rassurante, compatissante.

- Je suis sûr qu'elle serait très heureuse et fière de toi.

Je m'arrêtai, regardai le sol un instant, hésitai puis me lançai, reposant mon regard sombre dans ses belles prunelles.

- ... Moi je le suis.