Sombre rencontre. Pv: Elynwee.

Je m'étais éloignée, en fin d'après midi, de la vallée. Du cœur de nos terres. Je me rapprochais des frontières, silencieuse, alors que le jour cédait sa place à la nuit. J'avais besoin d'être seule, de réfléchir, de penser, de méditer. Mes sabots s'enfonçait dans le sable environnant. On aurait cru un océan. Mais un océan de sable. La chaleur tombait de plus en plus, et un cheval non habitué à ces températures pouvait rapidement choper la mort. Le matin, la chaleur montait en une ou deux heures, le soir, elle baissait en une ou deux heures aussi. C'était très rapide. Tellement rapide qu'il fallait être habitué pour survivre. D'autant plus que la nuit, les tempête de sable étaient fréquentes dans le désert. Ces petits grains qui viennent vous agresser les yeux, se prendre dans vos poils, s'incrustant dans vos naseaux. Beaucoup de chevaux errants étaient morts ici, et on pouvait encore trouver quelques os par-ci par-là. Mais ce soir, tout était calme. Immobile. Rien ne bougeait. Les dunes de sable étaient finement modelées, impeccablement lisses. Irréprochables.

J'avançais calmement, lentement, car c'était aussi du sport. Là,encore une fois, il fallait être un habitué des lieux pour se fatiguer le moins possible en marchant dans le sable. Il n'y avait pas de vent, pas de bruit, pas de mouvement, si bien que je repérais très rapidement cette jument qui avait enfreint la frontière. Je m'arrêtais, et très rapidement, mes yeux se froncèrent, je ronfla avec puissance des naseaux, elle n'était pas la bienvenue. Mais je n'allais pas lui courir après, pour la simple et bonne raison que mon ventre alourdi et arrondi ne me permettait pas de galoper sur le sable. J'entamais mon troisième mois de grossesse, et je n'avais pas l'intention de mettre la vie du petit en danger.

« Tu n'as rien à faire ici & tu n'es pas la bienvenue. » déclarais-je d'une voix forte et mis-roque.

Mon regard charbonneux la scrutait, je m'était encore approché et j'étais à quelques mètres d'elle. Une servante de mon père comme je les appelais. Il n'avait pas la moindre affection pour ses juments, mais elles l'adulaient, les yeux fermés. Pour moi, c'était loin d'être des guerrières. C'était des idiotes. Des juments stupides. Qui ne méritait aucunement l'aide des Marrak, puisque de toute façon, elles refusait leur liberté pour être une éventuelle concubine de leur dominant.

Mes oreilles ne tardèrent pas à s'allonger sur mon encolure, comme à am grande habitude lorsque je croisais un ennemi. La jument fasse à moi semblait elle aussi en gestation. Rien ne m'étonnerait si j'apprenais que le père était... mon père, ce qui avait une grande chance d'être le cas. Je toisais la jument fasse à moi, avant de répondre:

« Je ne parles pas aux inconnus qui s'avèrent être mes ennemies. Retournes d'où tu viens, ça voudra mieux pour tout le monde. » déclarais-je avec certitude.

Je n'avais pas envie de parler avec elle. Pas envie qu'elle se mêle de mes affaires. Pas envie qu'elle m'ajoute des problèmes, j'en avais assez comme ça. Après avoir regardé une dernière fois la jument, je repartais, longeant lentement la frontière en espérant que cette rencontre s'arrêtait là. Je savais qu'à elle seule ce n'était pas une menace, et qu'elle ne risquerait pas à trop approché du cœur du territoire. J'en avais déduis cela à sa tête lorsqu'elle sentait les odeurs. Odeurs d'étalons particulièrement.
A la longue, des étoiles vinrent peupler le ciel bleu foncé, accompagnées de la lune, leur mère. La douce et belle lune.

Mes pas continuaient de s'enfoncer dans le sable traitre, le sable si chaud par sa chaleur, et qui peut vous engloutir en un rien de temps à certains endroits. Des sables mouvants. Oui, il y en avait dans le désert. Mais pas ici. C'était bien plus à l'Ouest. La pie me rattrapa en quelques instants. Je m'arrêtant, soupirant bruyamment afin de lui montrer mon agacement.

« Ça n'est pas mon problème. J'ai assez des miens et de ceux de mon clan. De plus, je n'ai pas à raconter mon histoire à une inconnue. Mais si tu avais un peu de lucidité, tu aurais la réponse en cherchant pourquoi j'ai préférée ma liberté à mon clan originel et à ma famille. » déclarais-je, à cœur ouvert.

Oh que oui parler de mon passé me remontait. Ça me foutait les nerfs en feu, d'autant plus que la période de gestation ne m'aidait pas. Je restais là, sans bouger, la tête dressée. Au fond, je savais ce qu'elle pensait de moi, de nous, des Marrak. Mais j'en m'en fichait royalement, pour la bonne raison qu'elle ne nous connaissait pas, et qu'elle nous jugeait grâce aux dires de son clan. La nuit était pleinement tombée, nous plongeant dans la pénombre, le désert étant éclairé par la lune et ses multiples compagnes, les étoiles.

Cette conversation devenait totalement absurde. Quelques instants plus tôt, elle disait vouloir connaître mon histoire pour choisir entre Altaïr et sa liberté. A présent, elle expliquait que les favorites aimaient l'étalon, et qu'elles faisaient tout pour qu'il soit heureux. Elles étaient heureuses lorsqu'il l'était. Alors où était le problème? De quoi se plaignait-elle?
Je la regardais s'éloigner sans broncher, bien décidée à ne pas céder. Qu'elle aille voir ailleurs si j'y étais.
Je la regardais, avant de détourner non attention et partir dans un trot fin et élégant, en direction de mes terres. Je devais prévenir mes guerriers de faire attention. Mes empreintes se créaient sur mon passage, dans le sable, et ma queue longue touchait parfois le sol sableux, doux, avec ses milliards de grains de sable.