Juste un jour de plus - Libre

Equi marchait d'un pas lent, se cadrant sur le rythme régulier de son coeur et appréciant la caresse de ses crins sur son épaule. Ces crins, si doux et longs. La seule marque qu'elle était vraiment coquette.

Bientôt, d'autres poulains naîtraient. Il se murmurait qu'une favorite était pleine d'Altaïr. L'alezane soupira mais souriait. Une nouvelle petite bouille à s'occuper, chaque jour. Il arriverait qu'il parte téter sa mère, mais le poulain, ou la pouliche, passerait beaucoup de temps avec les juments simples du harem.

Elles s'en occupaient avec douceur et les faisaient jouer et paitre toute la journée. Une vie de rêve pour l'alezane qui avançait et se mit au repos dans un coin dans la clairière. Equinoxe s'y sentait en sécurité, protégée par le harem.

Malgré ses chaleurs, Equinoxe n'était pas provocatrice. Elle avait apprit à se retenir depuis le temps.

A peine commença t-il à la toucher que la jument recula, les oreilles plaquées sur la nuque d'un air effarouché et qu'elle hennit vivement pour ameuter tout le territoire. Il y avait un inconnu, sans doute un Marrak, qui la chahutait.

- Allez vous en ! dit-elle d'une voix douce et effrayée. Vous n'avez rien à faire ici.

Une seconde fois, sa voix aigue fendit le ciel pour alerter les autres Aelyos. Il fallait qu'il soit évacué de ce territoire et vite.

- Ne m'obligez pas à le répéter une troisième fois, allez vous en !

Frappant le sol de son petit sabot, elle montra sa fureur, fouettant ses flancs de sa queue cuivrée. Non, personne ne pouvait être ici sans être ramené de manière plus ou moins forte à la frontière si il n'était pas Aelyos.

Elle releva la tête et bondit légèrement sur le côté afin de lui présenter son flanc et de pouvoir s'enfuir.

L'alezane secoua la tête vivement et ronfla. Il se montrait soumis à elle. Elle qui était déjà la plus soumise de cet endroit. Vraiment édifiant. Equinoxe le fixa d'un air complètement abasourdi. Le fait qu'il se comporte comme un poulain l'étonnait encore plus.

- Pleure pas... C'est juste que... Tu dois pas rester là. Mon dominant et ses favorites haïssent les Marraks. Tu dois partir d'ici. Tout de suite. Faisons comme si il ne s'était rien passé d'accord ?

Equinoxe était nerveuse. Il fallait à tout prix qu'il parte et surtout qu'il ne sente pas ses chaleurs, ça avait le don d'énerver beaucoup de mâles.

- Vraiment, en restant ici tu es en danger de mort. Pars ! ordonna t-elle vivement. Et ne reviens jamais. Tu te ferais tuer. Je dirai que c'était un puma qui menaçait d'avancer. Tu n'auras rien à craindre en représailles, mais tu DOIS fuir.

Equi ne connaissait que trop bien la haine féroce des Aelyos de haut rang contre les Marraks même pacifiques.

- Que fais-tu là ?

Ma voix tonna agressivement dans la clairière. J'avais entendu un hennissement aigu, d'une jument, et mettais dirigé calmement en ce lieu. Je toisais l'étalon Marrak. Puis mon regard glissa sur la jument alezane, que je ne connaissais pas ... Et je lui offris un léger sourire, doux. Je me concentrai de nouveau sur l'entier.

M'approchant, fier et droit, la queue panachée, les oreilles tournées vers ma croupe, je m'arrêtai entre la femelle et le Marrak, faisant barrage. Mon arrière-main frôlait la jument, cherchant à lui donner du contact, de la chaleur. Si elle avait henni de telle sorte, il devait y avoir une bonne raison. Je tournai la tête vers elle et remit son jolie toupet en place, lui murmurant, rassurant.

- Il ne t'a pas touché ?

Je prenais soin des juments de mon harem. Certes, j'avais une réputation de brusque et de brute, mais c'était faux. Avec elles, j'étais doux. Je voulais qu'elles se sentent en sécurité. Elles avaient une importance capitale.
Je regardai de nouveau l'autre étalon, relevant la tête, bandant mes muscles, provocant et intimidant.

- Tu n'as pas ta place sur mes terres. Disparais et ne reviens plus.

Je restai relativement calme, mais la tension se faisait sentir à l'intérieur de moi. Les naseaux dilatés, j'arquai légèrement mon encolure, plantant un regard dur dans les prunelles du Marrak.

« Tu veux pas jouer, toi non plus ?

Altaïr… Son odeur emplit les naseaux de l’alezane et poussa à panacher légèrement sa queue. Comme un code à suivre pour faire partie du clan. Se montrer mignonne sans rien espérer. Lorsque l’étalon bai demanda si le pie ne lui avait rien fait, elle fit non de la tête, oreilles mobiles.

Mais quand le pie commença à parler, la jument ne put qu’esquisser une grimace. Elle avait mal pour lui.

*L’abruti…*

C’était pile le genre de choses qui pourrait sans doute mettre les nerfs du dominant à vif, d’autant plus qu’Equinoxe était en chaleur. Ça pourrait même le rendre… Fou de rage. Prit de frénésie.
Elle fit un non de la tête en regardant le sol. Il avait vraiment signé son arrêt de mort..

Equinoxe recula et dit d’une voix douce et faible au dominant.

- Il ne m’a rien fait.

Bien sûr, il avait collé ses naseaux sur ceux de la jument, mais Equi tut cet incident. Il avait peut-être une façon un peu brute de dire bonjour…

- Je suis encore vierge, soyez sans crainte… ajouta Equinoxe d’une voix encore plus douce, comme un peu de velours.

Ce Marrak tenait vraiment à mourir ! Il me prenait pour son père ou quoi ? Franchement ... Non ... C'était plutôt : Il se prenait pour un gamin ou quoi ? Là, je sentais la tension monter d'un coup en moi, mes muscles saillants et roulant sous ma peau. Je fouettai mes flancs avec sauvagerie et grinçai des dents, retenant quelque peu ma rage. Jouer ?! Mais je n'étais plus un poulain ! Pour qui il me prenait ?!
Je m'apprêtai à le remettre à sa place, quand la jument alezane me parla, d'une voix douce. Je refermai ma grande gueule et tournai la tête, posant mon regard sur elle. Je soupirai. Je me sentais encore tendu, mais la colère était encore supportable.

- Mmh ...

Je reportai mon attention sur l'étalon Marrak. Ma jument, la mienne, était en chaleur. Ca n'arrangeait pas son cas ... Si jamais elle était en cloque, je le traquerai pour mettre un terme à sa stupide existence. Je ronflai, mécontent. Puis, d'une voix toujours ferme mais plus douce, autoritaire, je m'adressai à l'entier.

- Non je ne veux pas jouer. Tu ne devrais même pas être là. Tu te trouves sur mon territoire. Tu n'as pas le droit d'être ici.

Je secouai ma crinière et reculai de quelques pas, me mettant aux côtés de la belle alezane, toujours aussi droit, le poitrail bombé.

- Pars. Et ne poses pas de question. Pars seulement, et ne reviens plus jamais ici. Pars avant que je ne te règles ton compte. Et n'abuses pas de ma gentillesse.

Je ronflai une nouvelle fois, les naseaux dilatés, puis courbai mon encolure et pris le pas, poussant tendrement la jument vers la forêt, voulant l'éloigner du Marrak. Il n'avait pas l'air dangereux, mais il fallait se méfier ... Ce n'était peut être qu'une couverture. Certes, je détestai les Marraks, et en savoir un juste là devant moi, et sur mon territoire, ça me mettait hors de moi. Cependant, je me contenais. Son attitude m'intriguait, et je ne voulais pas faire de peine à la jument, voir la dégouter de moi, en lui montrant un étalon violent et sans pitié. Bien que parfois, je l'étais.

Rho non... Non il ne pouvait pas faire ça…

Altaïr avait poussé Equinoxe qui s’était déplacée docilement vers l’intérieur du territoire, sans broncher une seule fois. Oh mais quel attardé de dire de telles choses ! Elle avait envie de lui hurler à la tête qu’il ferait mieux de la fermer et de fuir pendant qu’il avait encore les jambes intactes. Un… Inconscient. Elle leva les yeux au ciel en secouant doucement sa tête, les oreilles en arrière.

Altaïr allait faire son travail, c’était normal, et en plus, elle était une jument de son harem. Il allait sans doute vouloir faire preuve d’autorité, un exemple pour montrer que les Marraks étaient loin d’être les bienvenus. Elle n’avait pas envie de voir ça. Ronflant nerveusement, elle se mit au petit trot pour mettre encore un arbre entre elle et l’action, mais jetant parfois un regard inquiet à la tragédie.

D’un sens, elle se demandait si elle ne ferait pas mieux de dire tout simplement à l’étalon pie de dégager pour apaiser l’humeur massacrante d’Altaïr, qui avait du l’être encore plus lorsque les paroles de l’étalon avaient atteint ses oreilles. Elle ne pouvait pas s’opposer au bai. C’était son maître en quelque sorte.

Son regard horrifié passait du dominant au solitaire. Malgré sa soumission apparente, ses mots étaient trop audacieux, et irrespectueux. Peut-être un jeune blanc bec qui ne se rendait pas compte de son outrecuidance…

Mince alors.

Là, s'en fut trop pour moi. L'entier Marrak ne comprenait vraiment rien à rien, même si j'essayais de rester le plus calme possible avec lui. Je ronflai bruyamment et frappai le sol de mon antérieur gauche, renâclant. Il commençai sérieusement à me taper sur le système. Oui, j'étais Altaïr, dominant des Aelyos. Rien de nouveau pour l'instant ... Et pourtant, l'autre avait prononcé mon nom comme s'il avait affaire avec un dieu. Je jurai silencieusement ... C'était vraiment un idiot.

Je reculai vers la jument, caressant son encolure, rassurant envers elle. Certes, j'étais énervé, voir trèèès énervé, mais je ne voulais pas qu'elle me voit comme un être sans pitié et brutal. Bien que parfois, cela m'arrivait. En tant que dominant, je me devais de me faire respecter par mes ennemis. Même si je devais utiliser la violence. Aussi, je ne l'utilisai souvent qu'en dernier recourt.
Je poussai doucement, une nouvelle fois, la jument vers la forêt. Puis, je fis face à l'étalon pie.

- Tu as dépassé les limites Marrak. J'ai été tolérant avec toi, et tu me manques de respect.

Secouant ma crinière noire, j'arquai mon encolure et relevai la tête, bombant le poitrail.

- Je te le répète une dernière fois : Vas t-en, pars de mon territoire.

Je me plantai, droit, fier et agressif, les oreilles couchées contre ma nuque, la queue en panache, les muscles roulant sous ma peau. C'était un dernier avertissement, avant que je ne lui fonce dedans, et entame un combat avec lui. Je n'aurais pas d'autre choix, s'il refusait de coopérer ...