Say goodnight and go. (Naissance de Toscane, libre a tous les Aelyos.)

Je marchai tranquillement vers la rivière, voulant faire taire ma soif, pour continuer de faire le tour de mon territoire, comme je le faisais si souvent. Eclipse devait bientôt mettre bas. Un fils ? Une fille ? Je ne l'avais pas revu depuis notre première rencontre. Je n'avais pas vraiment eu le temps ... Les Marraks s'introduisaient régulièrement sur mon territoire, et je n'aimais pas vraiment cela. Ce n'était pas plaisant, et puis, ça salissait mon image de dominant !

Je redressai soudainement la tête. Une légère brise m'apporta l'odeur de ma favorite. Mes fine oreilles frémirent sur ma tête et je secouai mon encolure, faisant voler mes crins, ronflant bruyamment et dilatant mes naseaux. Ce n'était que par hasard que je passais par ici, et j'avais eu de la chance : Elle devait surement mettre bas.

Sans plus tarder, je changeai de direction et me dirigeai vers la jument. Elle n'était pas très loin. Eclipse était déjà couchée sur le sol. Je pris le trot, arquant mon encolure, muscles saillants, et avalai la distance qui me séparait d'elle. Je ralentis mon allure et baissai la tête, collant mon chanfrein contre son encolure, caressant sa peau, me voulant rassurant.

- Eclipse.

J'avais juste prononcé son nom pour qu'elle entende ma voix. Je savais que ça lui ferait plaisir au fond.

J'allais répondre à sa première phrase quand une contraction fit hennir de douleur la jument, l'obligeant à reposer sa tête sur le sol, et à s'étendre. Elle releva tout de même son encolure, afin d'effleurer mon chanfrein, de son souffle chaud et doux. Je m'éclaircissais la voix, avant de répondre.

- Ce n'est pas un hasard Eclipse, je suis venu pour toi.

Je penchai ma tête sur le côté, et souriais légèrement. Dans un sens, je lui mentais. Oui, j'étais passé par ici par hasard. Mais dans l'autre sens, c'était vrai. Oui, j'étais là pour elle maintenant. J'aurais très bien pu ne pas venir vers elle.

- Ce n'est pas le moment de penser à ça.

Oui, bien que je voulais un fils, elle devait se concentrer sur la naissance du poulain.

- Eclipse ...

Je rapprochai mes naseaux des siens, et les collai tout contre, soufflant sur son nez.

Mais à quoi pensait-elle ? Je reculai de quelques pas, quand une contraction la secoua violemment, redressant mon encolure, les oreilles plaquées contre ma nuque, surpris et étonné. Oui, j'étais curieux. Curieux de comprendre ce qu'elle ressentait. Quel degré de douleur subissait-elle ? Et puis, au fond, je me demandais comment un petit être pouvait se développer dans le corps d'une jument ... Elles étaient des perles à ne pas négliger. Je les aimais. Toutes.

Ronflant bruyamment, je piétinai quelque peu le sol, alors que je voyais le poulain, plutôt la pouliche, sortir de la belle pie. Reportant mon attention sur cette dernière, je dressai les oreilles, la voyant souffrir le martyr. Je m'approchai alors et fis glisser mes naseaux sur son encolure, puis sur ses flancs. Je m'arrêtai là, et y déposai quelques coups de langues affectueux et tendres.

- Courage ma Jolie.

Revenant vers son encolure, je passai mes naseaux dans ses crins, si doux, si doux ... Je soufflai sur sa peau, un air chaud et rassurant.

Cette fois, me semble t-il, ce fut le coup de grâce pour ma belle pie. Ruisselante de sueur, une nouvelle contraction l'atteignit, et elle hennit de douleur, expulsant la pouliche hors d'elle. Cette dernière était presque de la même robe que moi, bien qu'un peu plus sombre. Peut être qu'avec l'âge, elle s'éclaircirait. Je ronflai, satisfait. Elle était belle.

Mon regard se déplaça de ma fille à sa mère. Eclipse était allongée sur le sol. Elle avait laissé retomber sa tête par terre. Trempée. J'abaissai mon encolure et la gratifiai d'une lèche sur sa ganache, puis je me dirigeai doucement vers la pouliche et lui donnait quelques coups de langue affectueux, histoire qu'elle ne prenne pas froid, et qu'elle enregistre mon odeur, pour me reconnaître plus tard. Je secouai ma crinière et observai les alentours. Pas de danger. Pour le moment.

- Elle est très belle, Eclipse.

Je tournai ma tête vers la jument, et lui souris.

J'observai la nouvelle mère, qui léchait tendrement sa fille, ma fille. Je ronflai, la surveillant, faisant tout de même attention à ce qu'elle ne la blesse pas. J'avais toujours eu un sentiment de sur-protection, pour les poulains et pouliches du même sang que moi. Ils étaient de ma lignée, il fallait les préserver. Cependant, en voyant qu'Eclipse bichonnait la petite avec une grande délicatesse, je me détendis et passai un coup de langue sur mes lèvres, avant de m'approcher et de baisser l'encolure, à nouveau.
A la question de la jolie pie, je réfléchis un instant.

- Toscane ?

Un nom qui m'avait traversé l'esprit à l'instant.
Je fixai Eclipse, patient, en attendant qu'elle me donne son avis. Après tout, elle avait bien le droit de choisir le nom de sa fille. C'était elle qui l'avait porté pendant onze mois, et qui avait mis bas, dans la douleur. Je secouai ma crinière noire.

Je ne répondis rien, quand elle me dit que ce nom était parfait pour elle. J'aurais pu sortir n'importe quel nom, elle les aurait surement trouvé tous à son goût. Eclipse débordait de joie en cet instant, elle se laissait aller à l'allégresse d'être mère ... C'était assez beau à voir, mais il en fallait plus pour m'émouvoir.
Je souris tout de même, en la voyant lécher sa pouliche. Ma fille. Toscane.

Et puis, la belle pie, ma belle pie, me demanda si on pouvait la tenir éloigné du conflit Aelyos et Marrak. Je ronflais, tournant mes oreilles vers ma croupe, fronçant les sourcils. Je pesais le pour et le contre.
D'un côté, se serait judicieux. Elle était beaucoup trop jeune pour se battre, et sa mère étant une guerrière, il n'était surement pas rare qu'elle croise des Marrak, et qu'un duel éclate. Mais, je voulais faire d'elle une guerrière. Une amazone. Une jument forte, séduisante, fatale. Je baissai doucement la tête, et réfléchis quelques instants ... Puis, reposai mon regard dans celui de la jeune mère.

- Elle sera une guerrière.

Je laissai planer ma phrase dans les airs, puis continuai, rassurant Eclipse surement.

- Néanmoins, pas avant ses 6 mois. Et je compte sur toi pour faire d'elle une arme destructrice.

Je lui souris, histoire de bien lui faire comprendre que je ne voulais quand même pas donner ma fille en pâture aux Marrak. J'avais confiance en moi. Je savais ce que je faisais.

Je plaquai mes oreilles contre ma nuque, quand Eclipse me répondit sur un ton assez dur. J'étais son dominant. C'était à moi que revenait toute décision. Surtout quand cela concernait ma descendance. Six mois, c'était assez pour prendre conscience de soi. Six mois, c'était assez pour avoir un avis. Six mois, oui c'était jeune, mais plus tellement. Si l'éducation guerrière de Toscane arrivait trop tard, il serait impossible de la soumettre à mes lois. Six mois, c'était bien assez tard.
Je pris pourtant une voix douce, pour parler à ma favorite, bien que j'étais quelque peu frustré.

- Écoute Eclispe, six mois, c'est bien assez crois moi. Et puis, elle aura le temps de vivre. Tu as bien eu le temps d'être mère toi. Je ne vois pas pourquoi elle n'aurait pas le temps de profiter de sa vie. Toscane deviendra une guerrière certes, mais choyée et adorée. Son éducation ne sera pas dur. Nous ne sommes pas des sauvages. Tu le sais.

Mon ton se fit plus dur à moi aussi. Je me redressai, les oreilles toujours tournées vers ma croupe.

Je pensais avoir été clair. Mais, Eclipse ne semblait pas comprendre. Je croisai son regard. Et je lisais dans ses yeux, le dégoût et la déception. Qu'avais-je fait ? Qu'avais-je dit ? Je soupirai, puis m'éloignai de quelques pas, frustré qu'elle tienne à mon égard un tel comportement.

Elle ne comprenait donc pas que Toscane devait apprendre à se défendre ? Le plus tôt serait le mieux. Les Marraks ne lui feraient pas de cadeau ! Il fallait qu'elle apprenne à se battre pour sa vie. Je ne voulais pas en faire une machine de guerre. Juste une jument capable de sauver sa peau. Je ne voulais pas que ma fille, que mes précieuses filles, soient faibles et sans défense. Et ça, Eclipse ne semblait pas le comprendre. Je me tournai vers elle, et appelais Toscane, qui venait de se lever.

Abaissant mon encolure à son niveau, je dressai les oreilles, et mon regard se fit plus doux, quand je la vis s'approcher de moi, à petits pas. Une douce sensation enveloppa mon être. Elle toucha mes naseaux, de son petit nez tout duveteux, et je fermai les yeux un instant, profitant du réconfort que la pouliche m'apportait. Puis, je déposai une lèche sur son chanfrein. Qu'elle était belle, ma fille ...